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Qu'est ce que la compensation carbone ?
Le marché de la compensation carbone est en plein essor. En 2007, 64 milliards de dollars (soit le double qu’en 2006) ont été dépensés par les entreprises et les particuliers pour compenser leurs émissions de dioxyde de carbone. Quelques éclaircissements pour compenser en toute connaissance de cause, et surtout choisir de bons projets ! Prenons un exemple
Votre prochain voyage en avion va faire exploser votre quota d’émission de gaz à effet de serre. Et vous souhaitez réparer ou compenser cet impact sur le climat.
L’avion brûle du kérosène pour se propulser et rejette du CO2, l’un des plus importants gaz à effet de serre. Un déplacement en avion se fait souvent sur de longues distances, c’est pourquoi ce mode de déplacement est considéré comme le plus polluant en terme de changement climatique. Un km en avion ramené par passager représente environ 150 g CO2. Multipliez ce chiffre par votre distance de parcours et vous comprendrez pourquoi vous pourrez avoir mauvaise conscience. Par comparaison, on estime qu’il ne faudrait pas « émettre » plus de 1800 kg de CO2 par an et par personne (nourriture, chauffage, déplacements, déchets et consommations compris). En général, un seul trajet en avion vous « plombe » votre quota pour plusieurs années. Concrètement, la compensation consiste à financer un projet de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui permettra de réduire, dans un autre lieu, un même volume de gaz à effet de serre. Les types de projets pouvant faire l’objet d’une compensation.
Les projets de compensation carbone ont surtout lieu dans les pays en développement. Ils concernent l’efficacité énergétique (distribution d’ampoules basses consommation), les énergies renouvelables (fours solaires, parcs éoliens, barrages électriques) ou la sobriété énergétique (réduction des besoins).
D’autres projets concernent les forêts. En effet, les végétaux absorbent du carbone dans leur phase de croissance et en stockent tant qu’ils ne sont ni décomposés, ni brûlés. Ainsi, en augmentant la quantité d’arbres, on diminue la quantité de carbone dans l’atmosphère pendant la durée de vie des arbres. Mais l’enjeu est de gérer ces plantations de manière durable sinon les déviances peuvent être critiquables. Par ailleurs, si on utilise ensuite le bois provenant de gestion durable pour des meubles, des maisons ou d’autres objets à grande durée de vie, le stockage peut durer encore plus longtemps. Autre argument dans la balance, la forêt mérite d’être sauvegardée pour d’autres raisons : lutte contre la désertification locale, préservation de la biodiversité et de l’ethnodiversité, ressources économiques alternatives … Zéro Déforestation est un projet agissant en amont des programmes « compensation carbone » classiques. En légalisant les terres indiennes, nous effectuons une première étape dans la protection des forêts, la seconde étant leur classement en réserves forestières. En évitant la déforestation, en particulier en Equateur le pays avec le plus de déforestation en Amérique du Sud, le champ d’action de Zéro déforestation se situe dans le domaine de la déforestation évitée. Il est primordial, avant de reboiser, de prendre des mesures pour stopper la déforestation, car 13 millions d’hectares de forêts anciennes disparaissent chaque année. Considérant que 20% des émissions de gaz à effet de serre sont dus à la déforestation, les projets de déforestation évitée seront de plus en plus valorisés. Quel prix, quelle quantité ?
Le calcul de la quantité de réductions apportées par un projet se fait en deux temps.
D’abord, on établit une situation de référence, qui correspond à la quantité d’émissions qui auraient été émises en l’absence du projet considéré. Par exemple, pour notre projet de préservation des forêts, la situation de référence correspond au rythme tendanciel de déforestation en Amazonie équatorienne. Ensuite, on mesure tous les ans la quantité de carbone qui est stockée dans la forêt. Les réductions d’émissions produites par le projet correspondent à la quantité de CO2 non rejetée ou captée. Dans le cas de la restitution des terres Shiwiar et Zapara soutenu par Zéro Déforestation, les 215.000 hectares de forêts anciennes légalisées permettront de stocker environ 200.000 tonnes de carbone par an, lesquelles en libéraient 129 fois plus, si elles étaient brûlées (130 MTC). Quelle éthique ?
La compensation est aujourd’hui controversée car certains craignent qu’elle ne remplace nos efforts pour réduire nos propres émissions. C’est pourquoi, assurez-vous d’agir dans votre quotidien en plus de vouloir compenser votre déplacement en avion.
Dans le cas où vous souhaitez financer un projet de compensation, assurez vous qu’il corresponde à un vrai projet de développement durable. Evitez les plantations d’arbres à croissance rapide, dommageable pour la biodiversité et sans retombée pour les populations locales. (lire à ce sujet Planter des arbres ou protéger les forêts ?) Si le projet tient compte de critères éthiques, sociaux et environnementaux, alors votre financement aura été bénéfique non seulement pour le climat mais aura comme valeur ajoutée d’autres aspects tout aussi essentiels comme la protection de la biodiversité ou la préservation de peuples autochtones. C’est dans cette ambition que se positionne Zéro Déforestation.
Zéro-Déforestation est en accord avec la position des ONG de préservation de l'environnement qui estiment que les mécanismes de compensation carbone sont préjudiciables dans le cadre des négociations sur le climat. Nous sommes à leurs côtés pour soutenir la création d'un fond mondial de lutte contre la déforestation pour les populations locales et autochtones. Par ailleurs, les peuples autochtones refusent l’inclusion des forêts dans le marché carbone, tant que leurs droits fonciers ne seront pas reconnus et qu'ils ne pourront bénéficier directement des fonds qui leur seront alloués.
Sabine Rabourdin Pour en savoir plus : http://www.eco-sapiens.com/dossier-134-La-compensation-carbone.html |
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