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L’agroforesterie pour préserver les forêts
L’agroforesterie se place à l'interface des questions d'agriculture, d'environnement et d’économie sociale. En intégrant des arbres dans les exploitations agricoles, l’agroforesterie permet de diversifier la production afin d’améliorer les conditions sociales, économiques et environnementales. Définition
L’agroforesterie est un mode de culture des terres associant plantes ligneuses (arbres) pérennes en interaction écologique ou économique avec des cultures saisonnières ou de l’élevage.
Les différents types d’agroforesterie donnent différents rôles à l’arbre :
L’arbre est un élément essentiel des agroforêts ou « systèmes agroforestiers complexes » (on parle aussi de jardins-forêts) correspondant à des associations multi strates de plusieurs espèces, aux utilisations multiples et complémentaires. Cette forme est la plus courante en zone tropicale et pratiquée depuis longtemps par les populations autochtones.
Avantages écologiques de l’agroforesterie
Pour le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui s’est vu attribuer le Prix Nobel de la Paix, « plus d’un milliard d’hectares sont disponibles pour une conversion à des systèmes agroforestiers à haute productivité qui ont la capacité de réduire la pauvreté et la déforestation de manière significative et de séquestrer du carbone à grande échelle ». D’après le GIEC, dans les 50 prochaines années de tels projets sont finançables par le marché du carbone. Ils ont un potentiel de réduction des gaz à effet de serre dans l’atmosphère égal à 50 milliards de tonnes de CO2.
Avantages socio-économiques
Concernant la compensation carbone dans le cadre de Zéro Déforestation : la mise en place de systèmes d’agroforesterie sur les terres Shiwiar et Zapara2 sera une garantie supplémentaire pour assurer la permanence du stockage de carbone dans les forêts concernées par la restitution. En effet, les revenus tirés de cette forme de culture contre-balanceraient les avantages financiers potentiels d’une déforestation. Zéro Déforestation est un projet agissant en amont des programmes « compensation carbone » classiques. En légalisant les terres indiennes, nous effectuons une première étape dans la protection des forêts, la seconde étant leur classement en réserves forestières. En évitant la déforestation, en particulier en Equateur le pays avec le plus de déforestation en Amérique du Sud, le champ d’action de Zéro déforestation se situe dans le domaine de la déforestation évitée. Il est à noter que, pour bien fonctionner, l’agroforesterie nécessite un bon discernement des interactions écologiques sur chaque écosystème. Pour en savoir plus : Echange et diffusion des expériences agroforestières www.rebraf.org.br Sabine Rabourdin
L'expérience que nous avons dans la région de Tena (Haute Amazonie Equatorienne, zone vallonnée à très haute biodiversité) montre qu'une forêt primaire peut se reconstituer en 50 ans sur un pâturage (cas extrême de déforestation) quasiment spontanément. La dispersion des graines par les rivières et surtout les oiseaux et singes est telle que l'intervention des hommes n'est pas nécessaire. Cette dernière sert juste à y introduire en plus grand nombre qu'à l'état sauvage certaines espèces à forte valeur ajouté pour l'espèce humaine tels que l'acajou (bois dur), certains palmiers pour la construction de cases, des arbres fruitiers, voire des plantes médicinales.
La reforestation que nous menons (agroforesterie) est destinée à rétablir en 10 ans des parcelles aux sols dégradés afin qu'elles puissent produire suffisamment pour justifier le maintien de cette nouvelle forêt par rapport à du pâturage ou de la monoculture maraichère, voire de la déforestation ou du charbonnage ailleurs. Plus les années passent, plus cette forêt s'enrichit notamment grâce aux arbres de bois d’œuvre qui mettront 50 ans pour arriver à maturité. Notre modèle de reforestation a recours à plus de 50 espèces différentes : 50 % de fruitiers, 50 % de bois d’œuvre. L'enjeu actuel de l'agroforesterie est de démontrer que les populations locales peuvent vivre correctement de la forêt. Elles doivent évoluer d'essarteur-cultivateur-éleveur à gestionnaire de l'ensemble des ressources sylvicoles y compris cynégétiques et piscicoles, voire patrimoniales et touristiques. A cela, les autochtones rajoutent une dimension sacrée à la conservation des forêts en se définissant comme les gardiens de la Terre-Mère dont les offrandes, pourtant discrètes, ont plus d'impact que nous ne pouvons l'imaginer... Jean-Patrick Costa 1. Il existe également des forêts supports pour le sylvopastoralisme, l’aquaforesterie, l’entomoforesterie. 2. A noter que les Shiwiar et Zapara pratiquent déjà une forme d’agroforesterie. Cf. Les lances du crépuscule, de Philippe Descola, Plon. |
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